Les femmes et l’IA : un retard à combler pour construire une tech inclusive

À l’occasion de VivaTech 2025, BDM a assisté à une conférence menée par Leïla Grison, directrice générale du Women’s Forum For The Economy and Society. Un moment de partage qui a permis d’aborder un sujet crucial : les inégalités d’accès à l’IA entre les hommes et les femmes, ainsi que des pistes pour les réduire.

IA : quand l’Homme retombe dans ses travers

Nous le savons, l’IA va avoir un impact considérable sur de nombreux métiers de la tech et du digital. Pourtant, un schéma se répète. Comme de nombreuses petites filles ont cru que les mathématiques n’étaient pas faites pour elles, laissant les STEM (métiers dans le domaine de la science, technologie, ingénierie, et mathématiques) aux hommes, l’histoire semble se répéter dans le domaine de l’intelligence artificielle. En effet, à l’heure actuelle, 88 % des algorithmes d’IA sont développés par des hommes (source : rapport The Future is Fem[AI]le). Autres chiffres à retenir : si 73 % des dirigeants estiment qu’il est important d’avoir plus de femmes dans des rôles liés à l’IA, seuls 33 % d’entre eux bénéficient actuellement d’une femme à la tête des décisions stratégiques sur ce sujet.

Ainsi, les modèles algorithmiques, principalement développés par des équipes masculines, génèrent des données biaisées, renforçant d’autant plus les inégalités existantes. Un déséquilibre qui pose question, au moment où l’IA est appelée à jouer un rôle majeur dans la transformation de nos sociétés.

Il est indispensable de se projeter, de savoir où est la place des femmes dans l’IA, car cette technologie va radicalement révolutionner les emplois, les compétences et les décisions, explique Leïla Grison.

Une technologie défavorable pour l’employabilité des femmes ?

À première vue, l’essor de l’IA peut être perçu comme un frein pour l’employabilité des femmes. Leïla Grison évoque 3 points clés :

La création massive de nouveaux emplois dans l’IA :  avec de nouvelles opportunités qui seraient inaccessibles pour les femmes, puisqu’elles sont sous-représentées dans les filières STEM ainsi que dans les grandes entreprises tech. « On ne veut pas qu’il y ait moins d’hommes dans les métiers de la tech et de l’ingénierie, on veut juste qu’il y ait plus de femmes », explique Leïla Grison.

La restructuration des métiers à fort potentiel d’automatisation : dans lesquels les femmes sont malheureusement surreprésentées.

L’augmentation de la productivité de ceux qui utilisent l’IA : et donc de ceux qui ont la possibilité de se former dans ce domaine et, a contrario, la marginalisation de ceux – et surtout celles – qui ne peuvent pas y accéder.

Finalement, l’intelligence artificielle ne va pas remplacer le travail des femmes, mais plutôt le travail de ceux qui ne se mettent pas à l’IA. D’où l’importance pour elles de se saisir du sujet !

Et si l’IA permettait d’accélérer la réduction des inégalités ?

« Aujourd’hui, on a chacun au bout de nos doigts la possibilité, en contribuant à nourrir l’IA, d’accélérer la carrière et le savoir des femmes, et d’offrir une technologie plus inclusive », explique Leïla Grison. Voici quelques exemples d’avantages concrets que représente l’IA pour les femmes :

De nouvelles opportunités d’emploi : grâce à la réinvention des métiers existants et la création de nouveaux métiers, l’IA peut permettre aux femmes d’accélérer leurs carrières (réorientation, diversification, etc.).

Du soutien face aux « doubles journées » : l’IA peut offrir un soutien précieux pour faire face aux défis liés à la « double journée » que rencontrent de nombreuses femmes, en facilitant la gestion de leur carrière et de leurs responsabilités parentales et domestiques.

Un moyen de briser le plafond de verre : avec la possibilité de se former et de monter en compétences grâce à l’IA.

Un levier pour réduire les inégalités économiques : in fine, l’IA offre aux femmes un accès à de nouvelles ressources et opportunités.

Or, certaines conditions doivent être remplies pour arriver à réduire ces inégalités. Ainsi, il est primordial de poursuivre la quête d’un accès pour tous : « L’IA ne doit pas être réservée à quelques privilégiés, au risque de doubler les inégalités existantes », précise Leïla Grison. Aussi, il est important de faire comprendre que déléguer des tâches à l’IA n’est pas synonyme de tricherie.

Si l’on ne change pas notre regard sur l’IA, on va interdire l’usage de cette technologie à nos enfants. Et leur interdire l’accès à l’IA parce que l’on pense que l’utiliser c’est tricher, c’est les couper de la réussite dans un monde qui, demain, nécessitera de maîtriser l’IA pour être embauché, plus que les hard skills.

Ecrit par : Appoline Reisacher

https://www.blogdumoderateur.com/auteur/appoline-reisacher

Source : https://www.blogdumoderateur.com/femmes-ia-retard-combler-construire-tech-inclusive/

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