Enquête de l’UNESCO : moins de 10 % des établissements scolaires et des universités encadrent officiellement l’utilisation de l’IA

Une nouvelle enquête mondiale de l’UNESCO menée auprès de plus de 450 établissements scolaires et universités a révélé que moins de 10 % d’entre eux ont mis en place une politique interne et/ou des orientations officielles concernant l’utilisation d’applications d’intelligence artificielle (IA) générative.

Cette enquête a été réalisée en vue de la table ronde ministérielle sur l’IA générative dans l’éducation, organisée par l’UNESCO le 25 mai 2023.

Ses résultats illustrent les incertitudes liées à l’émergence soudaine de nouvelles applications d’IA générative, lesquelles, grâce à leurs puissantes capacités, produisent des créations semblant sorties d’un esprit humain, notamment des fiches de lecture, des rédactions, des lettres, des programmes informatiques, des illustrations et bien d’autres encore. Cette technologie est également capable d’obtenir d’excellentes notes aux principaux examens normalisés, y compris aux examens d’admission à l’université et aux épreuves conditionnant l’exercice de professions réglementées, notamment médecin ou avocat.

L’absence quasi systématique d’orientations démontre que les systèmes éducatifs se sont laissé dépasser par les nouvelles technologies.

Les politiques qui encadrent l’utilisation à bon et à mauvais escient des nouvelles technologies numériques à des fins éducatives prennent souvent forme au niveau d’un établissement, avant d’essaimer au niveau de la municipalité, de la région et/ou du pays. Le petit nombre de politiques internes mis en évidence par l’enquête de l’UNESCO prouve que les systèmes éducatifs sont encore en train de trouver leur équilibre et de réfléchir aux réponses à apporter. L’élaboration et la fusion de politiques plus systémiques – qui concernent un grand nombre d’établissements scolaires et d’universités à l’échelle nationale et infranationale – demanderont probablement beaucoup plus de temps.

« Les résultats de l’enquête montrent que la plus grande confusion règne quant à l’utilisation des nouvelles technologies puissantes d’IA générative dans l’éducation », a déclaré Sobhi Tawil, directeur de l’Équipe pour l’avenir de l’apprentissage et l’innovation de l’UNESCO. « Les établissements ne fournissent pas encore d’orientations ou de directives. »

L’application numérique à la croissance la plus rapide de tous les temps

Les établissements scolaires et les universités semblent prendre leur temps pour formuler des recommandations et établir des règles, mais les apprenants et les enseignants, eux, n’attendent pas. Selon les estimations, ChatGPT compte plus de 100 millions d’utilisateurs dans le monde, ce qui en fait, et de loin, l’application numérique qui affiche la croissance la plus rapide de tous les temps, surpassant les chiffres déjà vertigineux d’applications de réseaux sociaux telles qu’Instagram, Snapchat et autres.

« En l’absence d’orientations institutionnelles, ces technologies risquent d’être intégrées aux systèmes éducatifs de manière non planifiée, sans qu’on en connaisse bien les implications ou les conséquences. L’idéal serait de réfléchir sérieusement à leur place et à leur rôle, puis d’agir pour concrétiser cette vision. Nous ne pouvons pas nous contenter d’ignorer les répercussions à court et à moyen terme de ces technologies sur la sécurité, la diversité des connaissances, l’équité et l’inclusion », a déclaré M. Tawil.

L’UNESCO conseille aux établissements scolaires et aux universités de se montrer proactifs en élaborant des orientations et en aidant les apprenants et les enseignants à mieux comprendre ces technologies ainsi que les tenants et les aboutissants de leur utilisation.

« Les établissements d’enseignement doivent adopter une approche souple et itérative, faute de quoi ils essaieront sans cesse de rattraper le rythme effréné de l’innovation technologique », a affirmé M. Tawil.

Les universités plus nombreuses que les établissements scolaires à disposer de recommandations

Parmi les établissements d’enseignement qui déclarent avoir instauré une politique, environ la moitié indique fournir des « orientations précises », c’est-à-dire disposer de règles et de conseils clairs concernant l’utilisation des applications d’IA générative dans un contexte éducatif. L’autre moitié indique accorder une « marge de manœuvre aux utilisateurs », ce qui signifie qu’il incombe aux départements, aux classes et aux enseignants de déterminer si et dans quelle mesure l’utilisation d’applications d’IA générative est autorisée.

Sur les centaines d’établissements ayant participé à l’enquête, seuls deux déclarent avoir instauré une politique ou des orientations valant « interdiction », par laquelle l’établissement interdit totalement ou en grande partie l’utilisation d’applications d’IA générative telles que ChatGPT.

Environ 40 % des établissements d’enseignement déclarant disposer d’orientations précisent que celles-ci n’ont pas été consignées par écrit et qu’elles ne sont donc communiquées qu’oralement. Cette situation démontre le caractère improvisé des réponses apportées dans le secteur de l’éducation.

Les universités sont nettement plus susceptibles d’avoir formulé une politique ou des orientations institutionnelles que les établissements scolaires. Environ 13 % des universités affirment disposer d’orientations sous une forme ou sous une autre, contre seulement 7 % des établissements scolaires.

Autre fait révélateur : près de 20 % des personnes ayant répondu à l’enquête indiquent ne pas savoir si leur établissement applique une politique ou des orientations sur l’IA générative. Ce chiffre élevé reflète l’incertitude et le vide réglementaire qui entourent actuellement ces nouvelles technologies.

Orientations de l’UNESCO sur l’IA dans l’éducation

Ces dernières années, l’UNESCO s’est efforcée d’aider les établissements d’enseignement et les pays à adopter une ligne de conduite sur l’utilisation de l’IA dans le contexte éducatif, en s’orientant vers une direction humaniste qui privilégie l’inclusion, l’équité, la diversité et la qualité. La Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’intelligence artificielle (2021) contient des principes généraux qui visent à sous-tendre les règles et les réglementations propres à chaque secteur et à chaque pays. Le Consensus de Beijing sur l’intelligence artificielle et l’éducation (2019) et la publication Je rougirais si je pouvais (2019) traitent de certaines des conséquences spécifiques des technologies de l’IA, y compris des agents de dialogue (chatbots), sur l’éducation et la culture. En outre, la publication IA et éducation : guide pour les décideurs politiques (2021) propose des conseils stratégiques précis.

À propos de l’enquête

Cette enquête a été menée du 4 au 19 mai 2023 auprès des réseaux mondiaux des écoles associées et des chaires universitaires de l’UNESCO. Un peu plus de 450 établissements y ont répondu (11 % d’Afrique, 5 % des États arabes, 23 % d’Asie et du Pacifique, 44 % d’Europe et d’Amérique du Nord et 17 % d’Amérique latine et des Caraïbes).

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